Une cité ignorée
: "la ville de Rohars"
|
|
par Alain Monnié |
Rohars, village portuaire
de Bouée,
aujourd'hui en partie ruiné, connut une importante activité
fluviale mais aussi maritime en particulier au XVIe siècle. |
|||||||||
|
|||||||||
Progressivement
le commerce va s'y développer et
Rohars comme d'autres petits ports de l'estuaire va jouer un rôle
important, aussi bien dans l'activité transversale Nord-Sud que
dans le commerce maritime en étant par exemple le port d'attache
d'une partie de la flotte de commerçants espagnols au XVIème
siècle, les Senores du Sauf-Conduit. |
|||||||||
Il
s'agit essentiellement, comme tous ces ports d'estuaire, d'un havre d'échouage
où des embarcations fluviales : toues, chalands, gabares,
à fond plat venaient accoster sur les vasières au gré
des marées pour le chargement et déchargement des biens. Mais c'est la structure rocheuse de Rohars qui lui permit également d'être un port d'attache pour des bateaux de commerce maritime, en particulier au XVIe siècle. Plus récemment, une cale, dont la création serait toutefois antérieure à 1820, facilita également l'accès des embarcations à toute heure de la marée A la suite du colmatage alluvionnaire, au départ naturel, mais ensuite aggravé par des pierres d'endiguement, comme celles qui furent posées à la tête de l'ile Pipy et qui contribuèrent à boucher le bras de Lavau, ces ports au passé très riche disparurent et ne subsistent, dans le meilleur des cas, que comme ports reliques. C'est la cas de notre port, Rohars, dont les ruines attestent de l'importance passée mais dont la cale, située sur un étier, n'est plus utilisée que par quelques rares barques de pêcheurs locaux et de chasseurs de gibiers d'eau. |
|||||||||
Cette
page veut aider les habitants de Bouée à (re)découvrir
l'identité portuaire de leur commune. Remise à jour au fil de ma collecte d'informations, elle a pour but de tenter une synthèse des connaissances sur l'histoire de Rohars et ceci en privilégiant ce qui est avéré par des documents ou des découvertes archéologiques. Elle me donne l'occasion aussi, parallèlement, d'effectuer quelques disgressions sur l'itinéraire du pélèrinage de St Jacques de Compostelle en Bretagne ou la traite des Noirs par exemple. |
Cadastre
napoléonien de 1827 et cadastre rénové de
1934
|
Rohars
vers 1830 auteur ? A t'il été établi d'après le cadastre de 1827 ? En tout cas il est postérieur à 1848 date de la construction de la sacristie de la chapelle qui apparait sur le plan. De plus les indications concernant la position du chantier naval et un supposé cimetière sont erronées. |
Tanisse
DERNIER PÊCHEUR DE ROHARS |
Donatien
Pierre Brisé, dit Tanisse (ou Tanis), est né à Indre le 5 mars 1886.
Ses parents y sont pêcheurs. De mémoire de villageois il a deux soeurs qui habitent Cordemais et un frère, Xavier, qui vient pêcher à Rohars de temps en temps. Barbu, il porte une casquette sur le côté, il est vêtu simplement d'habits récupérés ça et là. Il fait la guerre de 14/18 dans la marine car il est pêcheur navigateur inscrit maritime. Après la guerre il s'installe à Rohars. Très adroit et excellent pêcheur, Il fabrique lui même ses carrelets et pêche la plie. L'hiver quand il n'y a pas de pêche, Tanisse aide les gens du village aux travaux des champs et soigne les bêtes. Dans les années 40 il connaît la misère. De 1936 à 1946 il ne pêche plus que l'anguille, son seau sous le bras. Son bateau prend l'eau et il se sert de vielles planches pour ramer. Il pêche à la fouine et à la biguenée(1). Il ramasse les vers sur le bord des routes et inquiète les gens du village. Il sillonne les routes de Bouée à Cordemais pour vendre son poisson et quand il n'a plus d'argent parce qu'il a tout dépensé à la buvette, il vit de chines et de rapines, déterrant 2 ou 3 patates par ci par là. Dans le village il est connu de tous et les villageois, pas dupes, ferment les yeux sur ses petits larcins. Dans la grange qui lui sert de maison, il y a juste un trépied et une casserole. Le 18 juin 1946 à 13 heures, Jean Bioret, Jean Nicolas et Charles Ombron trouvent le corps de Tanisse sur le bord de la route du Lavazais. Il est mis en bière par Pierre Boussaud et Gilbert Barrais. Jean Bioret conduira le tombereau qui conduit Tanis à sa dernière demeure. (1) La biguenée consiste à enfiler de gros vers de terres, les béguins, sur un fil grâce à une aiguille. On roule en boule ensuite le paquets de vers et on le plonge dans l'eau au bout d'une canne à pêche. Lorsque l'anguille mord dans les vers, il faut vivement la sortir et la faire retomber dans un vieux parapluie renversé placé au bord de l'eau. |
|
Sculpture en fer forgée réalisée par Georges Moisan, ancien forgeron de Bouée, en hommage à Tanisse. C'est en 1999, à l'occasion de la fête du marais que le comité des fêtes a organisée sur le site de Rohars, que cette sculpture fut présentée au public pour la première fois. La vie de Tanisse a été reconstituée grâce à Mme Marie Nicolas de Rohars. |
||
La fouine est utilisée pour capturer les anguilles dans la vase. |
Il
existe à l'extrémité du village une ancienne chapelle dédiée à sainte
Anne, patronne des bretons et des marins. |
|
La chapelle Sainte-Anne en 2000 |
|
Un document
nous apprend qu'elle fut bénite en 1707, date qui correspond à
sa reconstruction. à la suite d'un violent ouragan survenu le 30 décembre 1705. |
|
Sur la carte représentant
Rohars en 1830 il est fait mention d'un ancien cimetière, mention
assortie d'un (?). A l'examen du lieu du on s'aperçoit qu'à cet endroit nous avons, ou du rocher, ou des terrains inondables en bord de Loire. Il semble difficile, dans ces conditions, d'y avoir creuser des tombes, à moins que le cimetière supposé soit établi ailleurs. Barthélémy nous dit : D'après l'inspection de terrain et du plan cadastral, un cimetière devait exister autour de la petite chapelle : il reste le long du chemin un vieux mur qui servait jadis de clôture au cimetière. Pure allégation : En réalité ce mur dont parle Barthélémy et qui rejoint le village était récent et servait seulement à clôturer le terrain situé entre le chemin et la Loire. Il avait été construit à partir de 1827 par René Moiret qui avait acheté le terrain allant de la chapelle jusqu'à la chaussée du port. Ceci pour y implanter un chantier naval. Il n'a donc rien à voir avec l'histoire du prieuré. Moiret , dans sa demande d'autorisation au préfet en décembre 1826, ne demandait que de pouvoir enfermer sa propriété pour qu'il puisse "en jouir paisiblement". En 1925, Barthélémy avait sans doute une vision faussée des lieux, le colmatage alluvionnaire était en effet déjà très important. Dans les documents d'archives publiés dans les différents ouvrages que j'ai consultés je n'ai noté aucune inhumation à Rohars, alors qu'il est fait mention de sépulture à l'église Notre Dame ou même à la Cour de Bouée. |
Selon certains
historiens le culte de Sainte Anne tirerait largement son origine,
en Bretagne, de la vénération portée à la
déesse celtique Anna ou Ana, déesse de la fertilité
et des lieux humides et mère de tous les dieux. Sainte Anne la
chrétienne qui succède à Anna la celte, est-ce
le cas chez nous ? A consulter par exemple ou encore ici |
L'existence d'un prieuré à Rohars en Bouée, terre marécageuse et infertile, dit Emile Boutin dans son Histoire religieuse du pays de Retz, ne peut s'expliquer, d'après lui, que parce que les chanoines assuraient la traversée du fleuve pour les voyageurs et percevaient un péage. Affirmation gratuite et non étayée par des documents. | ||||||||||||||||||||
Or, nous le savons, le prieuré générait bien des
bénéfices en provenance de propriétés agricoles,
cantons de prés, vignes etc. situés dans la région
proche sur les territoires actuels de Cordemais et Bouée. |
||||||||||||||||||||
Certes,
au Moyen Âge, les établissements religieux, prieurés
et abbayes, accueillaient souvent les voyageurs et pèlerins qui
y trouvaient réconfort, soins et nourritures. Pour autant ce
n'était pas obligatoirement leur but premier, surtout dans les
prieurés qui relevaient plus de la gestion de biens temporels.
.En 1557, Jean
Heaulme, abbé de Sainte-Marie de Pornic, nomma
Guillaume Pineau, prieur de Sainte Anne de Rohars, chapelle située,
dit l'acte d'insinuation, sur le territoire de la paroisse de Savenay.
(F. Ledoux - Histoire de Savenay) Dans un pouillé* diocésain
de 1648 on lit : Rohard
- Ordre de Saint Augustin - Sainte Anne 26 juillet. Paroisse de Bouée,
fillette de Savenay - Patron : l'abbé de Pornic. -
Revenu 350 livres. M. Mesmin En 1679, un aveu du prieur Louis Barbier
du Metz parle d'une maison et ses dépendances
, situées près
du rocher de Rohars, en la close du Prieur et qui étaient grevées
d'un devoir assez singulier : Voir la page spéciale sur la chapelle
|
Deux textes à lire en introduction
: 2
- Extrait d'un site remarquable ARCHITECTURE RELIGIEUSE EN OCCIDENT
- ici |
|||
|
|||
Des
pélerins à Rohars, qui en parle ? Le
texte suivant est très intéressant :
Rohars
a pu être utilisé par certains jacquets ou autres pèlerins, certains y traversaient
peut être la Loire, mais plus sûrement le port servaient
à l'embarquement sur les navires espagnols pour ceux qui avaient
choisi la voie maritime pour l'aller mais aussi pour le retour. Rohars a été
sans conteste un point utilisé pour la traversée de la
Loire comme tous les petits ports d'estuaire.. Sur quoi se fonde Emile
Boutin pour affirmer que les moines assuraient le passage des voyageurs(3),
se base t'il sur des documents d'archives de l'abbaye de Pornic ?
Ce n'est pas précisé. (1)
Les faux pèlerins qui abusaient (déjà!) du système
étaient appelés les "coquillards" L'Association Bretonne
des Amis de Saint Jacques tente de nous renseigner sur les chemins bretons.
|
Des faits divers | |||||||||
Rohars sous la révolution par Bernard DAVID |
|||||||||
Aucun relevé archéologique n'est jamais venu étayer l'hypothèse d'une route antique aménagée entre le bourg de Bouée et Rohars. Cette chaussée est d'évidence le résultat naturel d'un dépot alluvionnaire le long de l'étier de Rohars. Cet étier de marée s'étant formé lui-même à partir des rochers dans l'estuaire vers le plateau de Bouée. Cette chaussée naturelle fut utilisée pour l'accès à la Loire dans des conditions certainement souvent très difficiles. Depuis quand la route,
la chaussée, menant à Rohars est elle vraiment régulièrement
pratiquable ? Jusqu'àu début du XVIIIe siècle la voie entre la Bouquinais et Rohars n'était qu'une chaussée sans le moindre apprêt et empierrements, comme tous nos anciens chemins de campagne, donc totalement défoncée par le passage des bovins et des charrettes tout au long des périodes humides, pluie ou grosse marée. (Bernard David) Le
4 juillet 1790 le conseil municipal demanda la construction d'un chemin
entre le village
de la Bouquinais et celui de Rohars aux administrateurs du district qui
avaient demandé aux communes de dresser une état de leurs
besoins. Cette chaussée
pouvait être quelquefois inondée tout l'hiver sur une
longueur importante comme le signalèrent les administrateurs du
district le 27 vendémiaire An III (18 Octobre 1794) à l'ingénieur en chef
de la marine à Nantes. L'assèchement des marais au XVIIIe et XIXe, l'endiguement au XIXe et XXe et le creusement du chenal navigable ont profondément modifié l'allure de notre environnement mais aujourd'hui encore il peut arriver, par forte marée, que l'eau recouvre la route de Rohars en certains endroits. |
|||||||||
En réalité
on connaît mal encore l'allure de l'estuaire dans l'Antiquité
et on ne peut préciser aujourd'hui la part des terres marécageuses
et celle des terres recouvertes constamment par les eaux. (Provost
CAG 1988).
Une topographie
MNTU de l'estuaire de la Loire depuis le fond du fleuve jusqu'aux
coteaux met en évidence la plaine alluvionnaire. Aucune
preuve de l'occupation de Rohars dans l'Antiquité, aucun élément
concret, aucune découverte, aucun indice toponymique ne permettent
d'affirmer aujourd'hui que Rohars était un port utilisé
à l'époque gallo-romaine et encore moins que pour y accéder
il existait une voie romaine. |
|||||||||
Ce
n'est qu'au Moyen Âge, après l'an mil, les invasions vikings
terminées, que les alluvions naturels aidant, le port s'est développé
sur les rochers. Auparavant les abris sur
l'étier de marée devaient se trouver plus en amont, par
exemple à la Bouquinais (une bouque signifie l'entrée d'un
port, une passe, un canal en terme de marine).
|
|||||||||
Les ports d'estuaire consistent
la plupart du temps en vasières
utilisées en havres d'échouage où
des bateaux à fond plat, toues, chalands, gabares, assurent au
gré des marées le chargement et déchargement de matériaux,
bêtes, grains, foin etc. Aux
archives municipales de Nantes est conservé un régistre des comptes de
la confrérie des "Senores du Sauf-Conduit". Cette société qui deviendra en 1601 La Contractation(1)fut fondée par des négociants espagnols qui armaient primitivement une flotte d'une quinzaine de bateaux. Dans le régistre on y voit inscrits, sans doute par André Ruyz, les navires de 1552 à 1560 qui comportent les noms suivants : La Maria, 50 tonneaux(2), du port de Rohars dont est maître après Dieu Pierre Brunel, de Rohars. Le Santiago de Rohars, 50 tonneaux, commandé par Julien Thomas de Rohars. La Bonne Aventure, de Rohars, 45 tonneaux, commandé par Jamet Colin de Rohars. La Sainte Anne, de Rohars, 50 tonneaux. La Julianna, de Rohars, 90 tonneaux, commandée par Guillaume Colin de Rohars. La Trinité, de Rohars, 50 tonneaux, commandée par Juan Améa de Rohars. Une autre Maria , de Rohars, 100 tonneaux, commandée par Pierre Colin de Rohars. La Antona, de Rohars, 90 tonneaux, commandée par Mirel de Rohars. Ainsi la flotte des négociants espagnols était au moins pour moitié établie à Rohars. La Contractation existera jusqu'en 1733. (1) Contractation signifie "Accord de commerce" . (2) A titre de comparaison les caravelles de Christophe Colomb jaugeaient de 40 à 60 tonneaux. Un navire de 50 tonneaux mesurait environ 10 mètres. |
|||||||||
En 1573 on retrouve deux navires de Rohars
de 80 tonneaux chacun qui faisait partie d'une flotte armée
par ordre du roi Charles IX pour aller reprendre Belle-Île
occupée par le comte de Montgomery, chef protestant meurtrier de
Henri II. Après 1573 Barthélémy
ne trouve plus de trace du port dans les archives. |
|||||||||
Une lettre d'absolution du
Roi Henri IV envers le chevalier du Goust à la fin des guerres
de religion mentionne ses faits de guerre et entre autre plusieurs
entreprises sur ceux qui s'estoient eslevez en armes contre nous, notamment
(...) des hâvres de Lavau, Donges, Couëron et autres.
(...) prises et emprises
desd. places et hâvres (...) que luy et sesd. soldatz ont faict
es années 1589, 90 et 91. Dans l'enquête du Parlement
de Bretagne qui suivit on apprend
grâce au témoignage de Pierre Trouillard notaire de la Haie
de Lavau que en 1590, dans le bourg de Bouée,
Laujardière, frère cadet du chevalier massacrèrenrt
une douzaine de personnes et tuèrent un pâtre jusque dans
l'église (...) Il est connu
que dans le pays et à neuf ou dix lieue à la ronde, le chevalier
a ruiné et fait ruiner tout le peuple, de façon que la plupart
en sont morts et les autres réduits à mendier leur vie ou
à s'absenter du pays. L'Edit de Nantes sera signé en 1598 par Henri IV, qui mit un terme aux guerres de religion. |
|||||||||
A la fin des guerres de religion la flotte
nantaise subit une crise terrible. Des navires de la Contractation étaient
ils toujours à Rohars ? Dans leurs régistres de
délibérations peu de renseignements concernent les affaires
maritimes. Barthélémy signale que Colbert n'indique pas Rohars dans une enquête faite après 1660 sur les ports de la Loire. Sans doute notre port exista t-il au XVIIe essentiellement pour le transport du foin, du blé, du bois etc., ainsi qu'au passage du fleuve et à la pêche. Servait il encore de port de mouillage pour des navires de commerce ? Nous ne le savons pas. |
|||||||||
Est-il besoin de rappeler que, à cette époque, son titre
de premier port du royaume, Nantes le devait en grande partie
à la Traite des Noirs. On aimerait être sûr que notre port n'ait jamais participé, de près ou de loin, à ce commerce triangulaire appelé hypocritement le commerce de bois d'ébène !
Les ports de Rohars et Lavau sont décrits
comme florissants au XVIIIème siècle dans une lettre
des Ponts et Chaussées de 1925. Le 4 juillet 1790 une délibération
du conseil municipal souhaite la construction d'un chemin depuis le village
de la Bouquinais à Rohars. A Rohars, qui comptait près
de 60 habitants en 1789*, on embarquait les grains du pays pour les conduire
à Nantes et on y importait les choses nécessaires. Aussi
la municipalité désirait-elle améliorer sensiblement
le passage de ces marchandises.
|
Dans la première moitié
du XIXe siècle, le bourg de Cordemais, situé au
coeur d'un pays agricole très fertile, se trouve être le point vers lequel
on dirige une énorme quantité de blés pour l'exportation maritime.
L'édification de nouvelles
cales sur l'estuaire va s'étendre sur une période de 50 ans environ
(de 1840 à 1890) : Méan entre 1845 et 1874, Lavau en 1850, le Migron en
1856-57, Cordemais en 1868. A cette époque l'activité de Rohars comprend encore, outre la pêche en Loire, des expéditions de foin, roseaux, céréales, bétail etc. et la réception de sable, bois de construction et biens diverses. Rohars a été une escale des vapeurs qui assurait l'acheminement de voyageurs entre Nantes et Saint Nazaire. La traversée du fleuve y était également assurée par des passeurs vers le sud de la Loire. Un chantier naval a existé
au début du XIXe, Bernard David en a trouvé les preuves
aux Archives départementales.
|
|||||
1900 marque un tournant
dans l'histoire des petits ports de l'estuaire de la Loire. En effet, contrairement au XIXe siècle au cours duquel les ingénieurs des Ponts et Chaussées ont répondu positivement aux sollicitations des communes riveraines du fleuve, de nombreux témoignages démontrent un changement d'attitude de la part de l'administration quant à la question des " petits ports ". |
|||||
La
cale de Rohars, l'île Pipy au fond et le bras de Lavau vers 1910.
Cette photo nous montre un canal encore assez large mais le colmatage
alluvionnaire est déjà important et la navigation va devenir
difficile avec l'endiguement effectué pour retenir la vase et boucher
le bras de Lavau.
|
|||||
En 1903 une première
loi de programmation visant l'aménagement de l'estuaire est lancée. Ce qui
suit nous concerne directement car le bras de Lavau se situe entre Rohars
et l'île Pipy. À Lavau, le conseil municipal
en date du 5 septembre 1909 attire l'attention sur : |
|||||
Un ingénieur des
Pont et Chaussée témoigne en 1924 : Au sujet de l'envasement du port de Rohars à Bouée : "La jetée du port de Rohars est un ouvrage très ancien dont la date de création ne nous est pas connue. Elle date d'une époque antérieure à 1820, où les courants, après avoir heurté les roches de Corsept, étaient rejetés sur le bras de Lavau qui était alors le bras principal de navigation […] dans cette portion du fleuve, il est certain qu'avant août 1870, d'importants engrossissements vaseux se produisirent, car à cette époque on s'est préoccupé de défendre l'accès du port par un exhaussement de la cale de Rohars. Un travail analogue avait d'ailleurs été exécuté dès 1851 pour le petit port voisin de lavau. L'envahissement des vases ne pouvait être attribué à cette époque aux travaux d'amélioration du fleuve, qui n'étaient pas encore envisagés. […] Remarquons que dans l'intervalle de 1870 à 1900, les travaux d'endiguement de la Loire n'étaient pas commencés. C'est donc par le jeu des forces naturelles du fleuve que s'est produit l'engrossissement progressif de la région Rohars - Lavau ETHNOPOLE ESTUARIUM Étude historique et ethnologique des " petits ports " de l'estuaire de la Loire Mai 2004 |
|||||
Le
3 décembre 1925, c'est un marin pêcheur de Lavau qui écrit au président
du Conseil,
Sur ce plan de 1931 on constate que l'envasement du port est déjà très important Dans la
réponse de l'administration il est aussi précisé :
|
|||||
Une cale
sur un étier, le bras de Lavau entièrement colmaté,
un village en grande partie ruiné, le paysage offert par notre port aujourd'hui
n'est pas digne de son passé.
Le village
est heureusement habité même si des maisons anciennes,
en ruine, disparaitront peut être, trop longtemps laissées
à l'abandon. |
|||||
Rohars le jour de la Fête du marais le 5 septembre 2004 |
|||||
La chapelle Sainte Anne est devenue depuis 2004 propriété communale. Une association a commençé un travail de réhabilitation du site et du bâtiment en 2005. Le relais par des entreprises spécialisées début 2011 a abouti à sa restauration complète grâce à des financements publics et privés. Page spéciale La visite de Rohars en bord d'estuaire, reste un moment exceptionnel et la mise en valeur du site de la chapelle va être certainement l'occasion de redonner un peu de lustre à notre petit port d'estuaire. |
Un
chantier de construction navale existait au début du XIXe
siècle. - Un acte de francisation délivré le 14 germinal An XIII (4 avril 1805) établi au Croisic nous apprend que le bateau Le Cassien a été construit à Rohars. Le Cassien était un bateau de 27 tonneaux et de 39 pieds et 10 pouces de long (environ 13 mètres) sur 12 pieds de large. Quelques mentions dans les registres
d’état-civil de Bouée attestent du fonctionnement du
chantier naval : Mais
les bateaux espagnols du port de Rohars au XVIème siècle
ont ils été construits à Rohars même, près de
la chapelle, comme le prétendent la tradition populaire et certains auteurs ?
L'armement d'un bateau ne signifient
pas obligatoirement construction mais équipement du navire et rien
n'empêche que ces navires aient été construits ailleurs
qu'à Rohars. Etre attaché à un port ne signifie même
pas obligatoirement y avoir été armé. Tout cela n'est pour l'instant
qu'hypothèses. Les bateaux qui utilisaient Rohars comme port d'attache
ont très bien pu être construits à Nantes, par exemple,
sachant que durant le XVIe siècle quelques 2500 navires
y furent lancés.
Barthélémy reconnait honnêtement qu'à l'époque, dans ses recherches, il n'avait rien découvert à propos des chantiers navals à Rohars : Aucune trace ne subsiste de ces chantiers, aucune indication cadastrale ne m'a permis d'en constater le véritable emplacement.. Dans les actes, aveux, vente de terrains que j'ai consultés, aucun mot révélateur n'a pu me donner le renseignement que je cherchais. On l'a vu, des documents d'archives, qu'ignorait Barthélémy, attestent bien de la présence d'un chantier naval après la Révolution. Mais pour l'instant rien ne permet d'aller au delà. |
Il
faut noter d'abord que l'orthographe ancienne la plus courante dans
les documents sur le prieuré ou même par Fraslin en 1888
est Rohard. Deux explications plausibles sont avancées.
Une première explication d'origine bretonne
L'autre origine possible seraient les deux rochers, l'un sur lequel est
bâtie la chapelle, l'autre situé à l'extrémité aval du village.
Mais
... De plus dans un texte de 1199 concernant un accord entre les abbayes de Buzay et de Blanche-Couronne ; parmi les objets de la transaction on peut lire: unu(m) pratu(m) ad rohart (un pré à Rohart) . L'acte est écrit sur parchemin. |
Un aigle sur l'île Pipi , signalé dans le Phare de la Loire en 1937. La réaction du journaliste est étonnante : Une battue doit être organisée pour... le tuer ! Autre temps autre moeurs ? Hum... Pas si sûr. |
Noyade en 1929 relatée dans l'Echo de Paimboeuf Ce n'est maleureusement pas la seule, y compris dans dans périodes plus récentes. |
||
Dispute et coups aux cafés de Rohars Le Nouvelliste de l'Ouest 1896 |
|||
Drame familial à Rohars évité de justesse. Ouest Eclair mars 1927 |
Glossaire
Certains mots peuvent avoir d'autres significations je ne donne que celle concernant cette page |
|
Aveu : Acte
signifiant le consentement, agrément donné, le plus
souvent par un supérieur, à ce qu'une personne a fait
ou a dessein de faire Sources
(entre autres): |
Bernard David -
Informations, remarques, précisions et recherches archivistiques.
|