VRAI - FAUX ?
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Au fur et à mesure de mes recherches sur Bouée je me suis rendu compte que les habitants en restaient, pour l'histoire de leur commune, quelquefois sur des demi-vérités, voire des erreurs en tout cas des imprécisions.
L'origine des sources est souvent obscure et une affirmation hasardeuse mais mainte fois répétée à tendance à devenir une vérité établie ( et pas seulement à Bouée ! ).
Cette page va tenter de faire le point sur quelques éléments de cette histoire.

La plupart du temps je renvoie à la page spéciale que j'ai développé sur le sujet.
Question
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Une croix celtique à Bouée, la croix des Margats ?

Une voie romaine de Blain à Rohars et sa borne milliaire ?

Rohars, un ancien port important dans l'Estuaire ?

Le couvent St Hilaire détruit par les Normands ?

Napoléon a fait pipi sur... l'île Pipy, d'où son nom !

La croix des Margats

Une voie romaine

Rohars

Prieuré Saint Hilaire du Tertre

L'Isle Pipy ou...Mississipi

 

Une croix celtique à Bouée, la croix des Margats ? FAUX

La croix des Margats est souvent désignée comme une croix celtique or il s'agit là d'une erreur cette croix ne ressemblant en rien à ce que l'on appelle une croix celtique ou gaëlique.

La croix des Margats

schéma d'une croix celtique

Des croix celtiques irlandaises

La croix des Margats est une croix curviligneà branches convexes, appelée aussi discoidale ou céleste.
Elle est, peut être, d'inspiration templière.
Les croix celtiques sont caractérisées par un cercle et 4 bras.

A consulter http://gesvres.free.fr/

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Une voie romaine de Blain à Rohars et sa borne milliaire ? FAUX

L'existence d'une voie romaine allant de Blain à Rohars est couramment invoquée par des auteurs d'articles, pages web ou livres. Certains disent même que, dans l'antiquité, Rohars était l'avant port de Blain, cité des Namnètes.
Tous ces textes, dont le nombre pourrait conforter l'idée, ont en fait une origine unique, une note écrite au XIXème siècle par François Ledoux et surtout les interprétations hasardeuses qui en ont été faites.

1 - La voie romaine impériale la plus proche allait de Nantes à Vannes par Rieux et ne pouvait pas passer par Rohars qui devait être la plupart du temps inaccessible par la terre ferme dans l'antiquité en tout cas à marée haute.
2 - Les chemins du réseau secondaire n'avaient pas de bornes milliaires qui se trouvaient le long des voies financées et construites par l'empereur. Ce sont d'ailleurs souvent grâce à la découverte de certaines rescapées que l'on a pu préciser le parcours des voies de la carte de Peutinger.
3 - La pierre elle-même ne laisse pas penser qu'il s'agit d'une borne longeant une voie impériale, pas d'inscriptions, un façonnage trop grossier pour une borne d'itinéraire. Seul Barthélémy a cru voir une borne milliaire dans notre pierre et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'est pas pris très au sérieux par les spécialistes.
4 - Aucune observation sur le terrain n'a révélé de traces de voie antique le long de cette stèle ni d'ailleurs autre part à Bouée. Les traces qui auraient été observées par les habitants ne pourraient concerner que des chemins ou pistes et d'autre part aucun archéologue n'a jamais publié de résultats de relevés de chemin antique sur la commune de Bouée.

De même que les routes actuelles ne sont pas toutes des autoroutes, les voies de l'antiquité n'étaient pas toutes des voies romaines !

Au sujet de la stèle de Rudesse j'ai contacté Mr Dominique Frère, docteur en Histoire ancienne, enseignant en Histoire, Archéologie et Histoire de l'Art à l'université de Lorient en lui soumettant mes recherches et en lui transmettant des photos de notre menhir.

Voici sa réponse en date du 14 février 2005
Cher Monsieur, Il s'agit d'une stèle funéraire du second âge du Fer nombreuses en Armorique et dans ses marges (Mayenne...).
La présence d'un stèle funéraire ne signifie pas obligatoirement la présence d'une tombe, puisque nombre de ces stèles ont été déplacées aux XIXe et XXe s. pour des raisons d'aménagement.

Salutations distinguées, Dominique Frère

Voir à ce sujet la page spéciale sur la stèle de Rudesse

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Rohars, un ancien port important dans l'estuaire ? VRAI

Rohars comme d'autres petits ports a joué un rôle important dans l'activité fluviale et maritime à partir du Moyen-Âge, aussi bien dans l'activité transversale Nord-Sud que dans le commerce maritime en étant par exemple le port d'attache d'une partie de la flotte de commerçants espagnols au XVIème siècle.
Plus récemment, port de pêche, lieu d'escale des vapeurs, point de débarquement et d'embarquement de bétail, de foin, de sable et lieu de traversée vers l
e Migron, Rohars va cependant péricliter au XXème comme la plupart des petits ports ligériens.
A la suite du colmatage alluvionnaire, quelquefois naturel, mais souvent provoqué volontairement par des pierres d'endiguement, comme celles qui furent posées à la tête de l'ile Pipy et qui contribuèrent à boucher le bras de Lavau, ces ports au passé très riche disparurent et ne subsistent pour certains que comme ports reliques dans le meilleur des cas.

Aux archives municipales de Nantes est conservé un régistre des comptes de la confrérie des "Senores du Sauf-Conduit".
Cette société devenue La Contractation fut fondée par des négociants espagnols qui armaient primitivement une flotte d'une quinzaine de bateaux.

Dans le régistre on y voit inscrits, sans doute par André Ruyz, les navires de 1552 à 1560 qui comportent les noms suivants :
La Maria, 50 tonneaux, du port de Rohars dont est maître après Dieu Pierre Brunel, de Rohars.
Le Santiago de Rohars, 50 tonneaux, commandé par Julien Thomas de Rohars.
La Bonne Aventure, de Rohars, 45 tonneaux, commandé par Jamet Colin de Rohars.
La Sainte Anne, de Rohars, 50 tonneaux.
La Julianna, de Rohars, 90 tonneaux, commandée par Guillaume Colin de Rohars.
La Trinité, de Rohars, 50 tonneaux, commandée par Juan Améa de Rohars.
Une autre Maria , de Rohars, 100 tonneaux, commandée par Pierre Colin de Rohars.
La Antona, de Rohars, 90 tonneaux, commandée par Mirel de Rohars.

Ainsi la flotte des négociants espagnols était au moins pour moitié établie à Rohars.Ce qui alimente les suppositions sur leur lieu de construction, à Rohars même, près de la chapelle, comme le prétend la tradition populaire ?
En 1799, le citoyen René Moiret, constructeur de bateaux, demeurant à la Chézine à Nantes, projeta d'établir à Rohars un chantier de construction naval et acheta au département de la Loire Inférieure un terrain dans ce but.
Pour l'instant seule l'existence d'un chantier naval au XIXe est attestée aux archives municipales de Nantes, mais rien ne permet de dire qu'il en existaient au XVIe.

Voir la page spéciale sur Rohars

Consulter la page d'estuarium sur les ports d'Estuaire

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Le Couvent St Hilaire détruit par les Normands ? FAUX

Fraslin en parle et Jean Roland l'affirme dans son Histoire de Savenay : les ruines du couvent St Hilaire sont le témoignage du passage des normands venus envahir la Bretagne...
Si Fraslin parle d'une rumeur bien vague et sans chercher à la vérifier, l'affirmation péremptoire de Jean Roland laisse songeur.

En effet les invasions des Normands ont débuté en 843, année où ils ont pillé la ville de Nantes et, selon la tradition, tranché la tête de l'évêque Gohard au pied de l'autel de la cathédrale le 24 juin après avoir massacré les habitants qui y avaient trouvé refuge.
"L'évêque se relève, ramasse sa tête et, suivi par les Normands stupéfaits, gagne les rives de la Loire. Là un bateau l'attend, sans voile ni rame, qui remonte le fleuve puis la Maine, jusqu'à Angers, la ville natale de Gohard. Les cloches de la ville se mettent alors à sonner d'elles-mêmes, jusqu'à ce que le clergé vienne en gande pompe accueillir le saint martyr afin de l'enterrer dans l'ancienne église Saint-Pierre." Cet épisode relatant un cas de céphalophorie fait partie intégrante de la mythologie de la ville de Nantes.

Ces invasions perdureront au IXème et Xème siècle jusqu'à ce qu'Alain de Barbetortre chasse les envahisseurs et fonde le duché de Bretagne en 936.
Il est évident que notre région n'a sans doute pas été épargnée par les pillards remontant l'estuaire de la Loire mais à une époque où ni l'Abbaye de Blanche Couronne et encore moins le Prieuré du Tertre n'existaient.

Le Prieuré a du être créé au début du XIIIème siécle ou tout au plus à la fin du XIIème soit au moins 350 ans après la première invasion normande (!) et en 1469 les bâtiments du prieuré était encore en intacts.

D'ailleurs dans un acte de 1669 il est bien précisé que la destruction du prieuré est due "aux inondations de la Loire"

Voir la page spéciale sur le Prieuré Saint Nicolas du Tertre - Couvent Saint Hilaire

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L'île Pipy tire son nom parce que Napoléon y a fait... pipi !   FAUX

Une histoire circule à Bouée et ailleurs qui prétend que le nom aurait son origine dans un besoin pressant et naturel que Napoléon aurait assouvi en 1808 lors de sa visite de l'estuaire en demandant d'être débarqué pour cela sur notre île.
Je ne sais pas où se trouve l'origine de ce canular mais il semble assez incroyable que des personnes puissent penser que l'on arrêtait un navire de guerre près d'une île, de plus très marécageuse à l'époque, uniquement pour permettre à un passager, même illustre, de satisfaire un besoin naturel.

Ceci dit le voyage de Napoléon en 1808 est historique, c'est même à cette occasion qu'il décida de faire de Saint Nazaire le port avancé de l'estuaire pour compenser l'ensablement et l'envasement de la Loire.

Or, l'île était déjà nommée Pipy au XVIIIe sur certaines cartes ce qui tord le cou définitivement à cette affabulation.

Et sur d'autres cartes du XVIIIe - 1746 (BNF) et 1754 (AM Nantes) l'île est nommée Îsle MISSISSIPI !
Est-ce la vraie origine du nom, sans doute, mais ceci demande confirmation.


en 1746 - Isle Mississipi (carte Decaux BNF)

1786 - Isle Pipy

Voir la page des cartes anciennes de l'estuaire

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