Yvon Labarre porte en lui la lumière de son terroir et ce n'est pas faire injure aux impressionnistes et aux cézanniens que de ne pas transformer leurs découvertes en recettes et de s'obstiner à mettre du blanc et du noir sur ses toiles.
Ce n'est pas non plus manquer de respect aux inventeurs de la perspective que d'en user avec modération. Aucune photographie, aucun téléobjectif ne peuvent offrir une vision de l'espace comparable à celle d'Yvon Labarre.
Très souvent, lors de la préparation de ses fonds, il a en tête des schémas de composition dans lesquels entrent presque toujours un ciel déjà teinté de bleu, une ligne d'horizon et des masses claires, foncées ou colorées ; ces fonds serviront des semaines ou des mois plus tard, le dessin au trait étant alors exécuté à la brosse à une vitesse foudroyante, noyé dans la matière, pour renaître dans des à-plats aux arêtes vives travaillés au couteau.
Souvent des horizons successifs apparaissent sur le devant de la toile et nous invitent à voyager à l'infini, d'autant plus facilement que le premier plan est souvent le plus abstrait.
Le sujet se trouve de ce fait rejeté très loin en apparence, alors qu'il occupe en fait la plus grande partie de la toile, mais les quelques centimètres libérés au premier plan et rythmés par quelques poteaux ou troncs d'arbres donnent au village un élan vertical irrésistible, et la bourgade la plus rampante et la plus plate se transforme alors en personnage noble qui nous observe de toute sa hauteur ou qui nous invite sous les frondaisons de son parc.