Les toponymes
ETUDE LINGUISTIQUE

De l'historique nous en déduisons les possibles influences linguistiques dans notre région
Le gaulois, le latin, le breton et le français.

Du gaulois au britto-roman primitif
D'abord le dialecte gaulois suivi par le latin des conquérants romains, soldats, colons et marchands qui donnera, confronté au gaulois celte, le britto-roman primitif, langue parlée en Bretagne orientale plus marquée par la langue d'oc que la langue d'oïl.

Le nombre de mots gaulois attestés comme étant à l'origine de mots de la langue française n'est pas aisé à déterminer, peut être entre 100 et 200, les avis de spécialistes étant très partagés. Mais par contre il est admis que c'est dans les toponymes que le gaulois a gardé le plus d'influence.

Le britto-roman primitif, qui au 12ème siècle était encore en usage entre Loire et Vilaine, est connu par les termes que le breton lui a empruntés et par des noms ou épithètes cités dans le Cartulaire de Redon
Le gallo, le breton et le français
Ensuite l'influence des dialectes de langue d'oïl se fera sentir et le gallo roman d'oïl supplantera progressivement le britto-roman primitif par une extension d'est en ouest à partir des villes de Nantes et Rennes facilitée par l'influence du clergé d'obédience tourangelle (romano-franque).Le gallo de Haute Bretagne, langue romane, correspond pour les traits principaux de son consonantisme, au niveau d'évolution du français.

glossaire gaulois -latin d'Endlicher
il porte le nom de celui qui l'a fait connaître en 1836 et a été écrit dans l'Antiquité, 18 termes de ce glossaire sont parvenus jusqu'à nous.

gaulois
latin
français
aremorici antemarini, quia are (ante), more (mare), morici (marini) - armoricains (ceux qui sont devant la mer)
onno flumen cours d'eau
cambiare rem pro re dare donner une chose contre une autre, échanger
avallo poma pommier
brio ponte pont
nanto valle vallée
anam paludem marais
doro osteo entrée, porte
lugduno desiderato monte : dunum enim montem
mont, citadelle
arevernus ante obsta  
roth violentum violent
ambe rivo, inter ambes inter rivos ruisseau, entre deux ruisseaux
lautro balneo bain
caio breialo sive bigardio  
nate fili fils
prenne arborem grandem grand arbre
treide pede pied

Le breton arrive à partir du Vème siècle mais ne gagnera pas l'ensemble du pays nantais. La limite en sera Guérande, la côte atlantique et plus au sud Pornic.
Parler des élites jusqu'au XIe siècle, il fut ensuite celle du peuple de Bretagne occidentale et pour l'écrit le duché de Bretagne employa le latin puis le "françois" et ce longtemps avant qu'il ne devienne la langue officielle du royaume de France en 1539 à la place du latin dans les documents administratifs.
Le dernier duc parlant le breton, Hoel de Cornouaille, vécut en effet au XIème siècle.

La population de la Basse-Bretagne ou pays bretonnant(1) ne représentait en 1850 que 44% de l'ensemble des bretons (Bretagne historique des 5 départements) à l'aube de la scolarisation républicaine.
Sur ces 44% les monolingues représentaient environ 80%.

Contrairement à une idée reçue(2) les bretonnants n'ont jamais été majoritaires dans le cadre de la Bretagne historique. La Bretagne fut de tout temps une nation multilingue !

Consultez à ce sujet le site de Fañch Broudic, journaliste et chercheur sur la langue bretonne
(1) bretonnant = brittophone = qui parle le breton
(2) J'ai lu dans un forum que certains brillants intervenants s'étonnaient de cette expression "contrairement à une idée reçue". Je corrige donc pour eux : les bretonnants n'ont jamais été majoritaires dans le cadre de la Bretagne historique. Ce qui évidemment change tout  et  si je suis heureux de voir que eux le savent parfaitement c'est loin d'être le cas de tout le monde d'autant que certains s'ingénient à faire croire le contraire !

En Haute Bretagne, au Moyen-Âge, le latin est la langue des érudits, des officiels, de l'administration et de l'Église et il cohabite alors avec un bas-latin parlé, dit vulgaire, devenu le gallo-roman parlé par le peuple qui à l'époque vit dans un monde essentiellement rural.
Le français, roman issu de l'île de France, sera enseigné officiellement à partir du XIXe siècle, dans l'ensemble du pays de France.

Dans l'ensemble de la Bretagne, on pourrait résumer la situation en disant qu'avant l'alphabétisation des populations rurales au XIXème siècle la moitié des habitants parlaient gallo en Haute-Bretagne, l'autre le breton en Basse-Bretagne mais que les politiques, la cour du duché, l'Église, les érudits, lettrés, savants etc. utilisaient essentiellement le latin et le français..

Sur notre commune l'influence de la langue bretonne dans les toponymes reste très limitée voire quasi-inexistante, par contre on retrouve peut être des noms d'origine gauloise.

Le français s'est finalement invité dans les toponymes achevant l'évolution des noms de lieux lorsque ceux ci n'auront pas tout simplement été créés dans cette langue. Malgré tout l'utilisation du gallo restera vivace et se retrouve encore en milieu rural dans des mots dits de " patois ".

Les langues romanes ayant toutes une même origine, le latin, les toponymes approchant dans d'autres dialectes sont très utiles à étudier.

 

La souche originelle du latin, de la langue celte des gaulois et du breton est commune, il s'agit de langues indo-européennes

Sur cette carte on peut facilement identifier l'influence du breton en Loire-Atlantique. Les toponymes sont d'ailleurs un reflet précieux pour connaître le périmètre d'usage d'une langue.