Cette page a été réalisée à partir de la documentation fournie par Mr et Mme Milaret, propriétaires du moulin, et complétée pour l'historique par Bernard David
Mise à jour 20 juin 2011 Retour Accueil Téléchargez un document sur le moulin de Rochoux
(extrait de Bouée au fil de l'année 2007)

Sa situation
Le moulin de Rochoux se situe dans la commune de Bouée en Loire-Atlantique au pied du Sillon de Bretagne, limite du Massif Armoricain. Rochoux est à 12 m d'altitude, (Le bourg et Haut-Chemin sont à 18 m, et Croisac, point culminant, monte à 25 m)
Il doit son nom, sans doute, au fait qu'il a été édifié sur un petit rocher surplombant les marais.
En langue locale, les terminaisons en oux sont équivalentes aux terminaisons en eux du français académique

Du petit-pied ou coquetier au moulin à Grosse-tête
Les deux moulins qui ont fait l’objet de restauration à Bouée ( Rochoux mais aussi le Haut Chemin ) sont du type petit pied breton présent au sud du Morbihan, une partie de la Loire Atlantique, presqu’île guérandaise et sillon de Bretagne particulièrement. Ils ont la forme d’une tour où sur un socle évasé s’élève un cylindre de pierre supportant un étage que coiffe le chapeau conique. Le système des ailes Berton va amener la surélévation de la plupart de ces moulins. La partie haute gagnant en volume on les a affublés du nom de « Grosses-têtes »… Mais le moulin de Rochoux est, semble t’il, un des rares petit-pieds a ne pas avoir été surélevé.

"De tous les pays d’Europe, c’est la France qui possède, sinon le plus grand nombre, au moins et bien certainement la plus extraordinaire variété de types connus parmi les moulins à vent".WEBSTER

cadastre 1827

Herman Armour WEBSTER, né en 1878 peintre graveur américain fut à l’origine de la création de la Société des amis des vieux moulins. Il fut inlassablement un défendeur de la sauvegarde des anciennes minoteries. En 1937 il écrivit un article publié dans L’illustration du 2 octobre 1937 n° 4935, L'article s’intitule "La grande détresse de nos moulins"
Il racheta le moulin de la Paclais (Savenay) sur le Sillon de Bretagne la même année. Celui-ci, grâce à lui, est encore en état de marche aujourd’hui.

Son histoire
Il fut construit en 1507, précision apportée grâce au blason portant les armes des Seigneurs du Chatellier (Châtelier) à Bouée, vassaux du comté de Nantes, possédé par les ducs de Bretagne puis les rois de France.
Ce moulin appartint en exclusivité aux seigneurs du temps de la féodalité, moudre le grain faisait partie des activités banales.
Les actes notariés, notamment d'après décès, permettent d'en connaître différents propriétaires.
Ceux-ci sont les propriétaires de la seigneurie du Châtelier ; la liste en est assez bien connue depuis 1424, grâce à diverses sources

Le 6 fructidor an IV (23 août 1796) le moulin est attribué à René MOIRET constructeur de bateaux. Moiret a acheté le moulin qui était vendu comme bien national confisqué à Du Merdy de Catuélan, propriéraire émigré du Châtelier. Il est le fondateur du chantier naval de Rohard

Le moulin restera la propriété de la famille MOIRET jusqu'en 1868, date à laquelle Madeleine CHESNARD , veuve de pierre MOIRET, lègue le moulin à sa nièce Ars ène BARON épouse de Pierre NEIL DEMELETTE.

Le 27 septembre 1936 un acte, décrit dans les notes de H.A. WEBSTER et G. HUARD, nous parle des meuniers:
"Le meunier Pierre NICOLAS, aimable, avec la langue bien pendue, conduit ce moulin depuis 17 ans succédant à son oncle, un NICOLAS comme lui meunier pendant plus de 40 ans...Jusqu'ici tous les meuniers n'avaient été que locataire - aujourd'hui Pierre NICOLAS est arrivé à en être le propriétaire."
On en déduit que des NICOLAS ont exercé la fonction de meunier depuis , au moins, 1879.
En 1966 Pierre NICOLAS vend son moulin à Mr et Mme VIVANT habitant Saint-Herblain
.
En 1976 Monsieur et Mme MILARET achètent le moulin. Ils le font inscrire à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques en 1982.
Pierre Nicolas
Pierre Nicolas, dernier meunier de Rochoux
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Son architecture

Trois éléments composent le moulin haut de 12 mètres.
1 - Une étroite tour cylindrique formée d'une épaisse muraille (1m à 1 m 20) protégeant un espace intérieur de 2 m 50 de diamètre.
2 - L'évasement conique de la base s'élève à 0,70 m environ et porte l'épaisseur de l'assise à plus de 1,50 m.
3 - L'encorbellement est formé par la disposition au sommet du socle cylindrique d'une couronne de fortes pierres dépassant progressivement et liés au mortier.

A l'intérieur 2 parties composent le moulin
1 - L'entrepôt des grains et des farines au rez de chaussée.
2 - La Chambre des meules dans l'encorbellement à laquelle on accède par une échelle meunière



Le toit tournait sur un système de crémaillères couronnant le sommet du mur de l'intérieur. Le meunier l'actionnait au moyen de 2 roues engrenées muées par par une grosse chaine de fer.
Pour fixer le toit on fichait en terre la queue d'orientation qui a été sciée au ras du bord de la toiture et remplacée par un mécanisme commandé de l'intérieur.
ENCORE UN PEU DE TECHNIQUE ...!

Le toit ou chapeau conique ou encore citadelle était couvert d'essentes (ou aussentes) de châtaigner. Sa pente mesure 6 mètres.
cette base est festonnée en dents de scie et son sommet se termine par un poinçon de bois ouvragé. Celui-ci est propre à chaque moulin.
Dans le premier tiers du chapeau s'ouvre la chapelle, petite mansarde couvrant la sortie de l'arbre.
Le moulin possède encore le support de l'arbre, appelé ici "le plumard" avec son coussinet de marbre serré entre deux obliques symétriques.
A l'arrière on repère l'échine en saillie (habillée aussi d'essentes) que dessine le guivre oblique et long, appelé aussi "queue du moulin" décrivant ainsi un cercle de grand diamètre.
Une petite lucarne abrite l'articulation et la sortie de la "perche du frein" reliée au guivre par une attache souple.

ET LES AILES ...

Si les moulins à petit pied étaient si bas, c'est qu'avant 1880 leurs ailes étaient couvertes de toile et qu'il fallait monter dans les barreaux pour déployer la voilure avant de détendre le frein, et pour la replier quand la mouture était finie.
L'AILE BERTON inventée au lendemain de la guerre de 1870 ne nécessite plus de modification externe sauf peut être une légère réduction en taille.
Elles sont aux normes : 11 lattes sur 5 vérons.
Le moulin de Rochoux en fût équipé en 1900, en 1950 il tournait toujours.
Par une nuit de tempête il perdit ses ailes qui étaient en mauvais état.

En 1952 le père NICOLAS cassa les meules afin d'éviter l'impôt sur les bâtiments industriels.
Il vendit par ailleurs les derniers éléments métalliques du mécanisme au poids de la ferraille..

Consultez le plan du moulin Cliquez ici

Un dernier détail : chaque moulin possède sa couleur, celle du moulin de Rochoux est rouge sang de boeuf et est encore visible sur les solives de la chapelle.

Aujourd'hui Le moulin est une propriété privée

Il a perdu son statut de bâtiment industriel depuis 1952. L'entrepôt à grain et à farine sert de cave à vin.
La chambre des meules est devenue bibliothèque et le chapeau une chambre d'ami.

Inscrit à l'Inventaire Supplémentaires des Monuments Historique en 1982 le moulin est protégé sur une zone de 500 mètres.
Il participe depuis 1987 aux Portes ouvertes à l'occasion de la Journée du Patrimoine, journée qui est également l'occasion d'accueillir des expositions d'artistes et d'artisans d'Art.
A cette occasion Le Service Départemental de l'Architecture de Loire-Atlantique a réalisé en 1989 une fiche descriptive

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